Bref historique
de la Société archéologique de Touraine
Le 23 juin 1840, des membres tourangeaux de la Société française pour la Conservation des Monuments historiques (SFA actuelle) se réunissent en commission (Alexandre Giraudet, docteur en médecine, Henri Goüin, négociant et banquier, Noël Champoiseau, industriel, l’abbé Manceau) pour élaborer et présenter en séance publique les statuts d’une nouvelle Société (non commerciale). Le premier bureau a comme président Henri Goüin, comme secrétaire général Alexandre Giraudet, comme secrétaire général-adjoint l’abbé Manceau, comme trésorier-archiviste Louis-Pierre Boilleau (archéologue, fondateur du musée archéologique de Tours). La Société compte alors 35 membres titulaires, 43 correspondants et 9 honoraires dont Arcisse de Caumont, fondateur de la SFCMH, François Guizot et Prosper Mérimée.
Elle est reconnue d’utilité publique en juin 1872 par Jules Simon, ministre de l’Ecole Publique, grâce à Charles Loizeau de Grandmaison, 7e président de la Société.
Elle a pour but de « conserver, mettre en valeur le patrimoine tourangeau, le faire connaitre par ses publications annuelles, ses conférences mensuelles, ses expositions, ses relations et échanges avec de nombreuses sociétés savantes françaises et étrangères ».
Ses collections, de plus de 50 000 pièces, fruits des dons des membres et d’achats, s’étalent de la préhistoire à l’époque contemporaine, en relation avec la Touraine (sauf quelques exceptions).
L’hôtel Goüin (25 rue du Commerce à Tours), donné par Georges Goüin, devenu musée de la Société à partir de la fin des années 1960, a été vendu pour un franc symbolique au Conseil général d’Indre-et-Loire en 1977 (sous la présidence de M. Leveel). Il a été fermé en 2008 pour travaux et nos collections dites « de l’hôtel Goüin », classées « musées de France » ont été confiées en gestion au Conseil départemental par convention du 6 décembre 2007 et sont actuellement stockées dans des réserves. Cependant un certain nombre d’œuvres importantes sont exposées dans les musées du Conseil départemental, dans le musée des Beaux-Arts de Tours ou dans d’autres musées nationaux ou régionaux.
Au XXe siècle, la « Société » archéologique de Touraine est devenue une « association de la loi de 1901 » ; mais elle a souhaité conserver son nom historique.
L’association, forte aujourd’hui d’environ 450 membres cotisants, s’intéresse toujours à l’état patrimonial du département, conserve la propriété de ses collections, les prête sur le plan local et national.
La SAT, qui a créé la plus importante base archéologique et historique de la Touraine entre les années 1840 et 1960, n’est plus autorisée à procéder à des fouilles archéologiques depuis la mise en place d’une structure agréée par l’Etat pour effectuer cette recherche.
La SAT édite un Bulletin annuel, des mémoires, des ouvrages concernant la Touraine et ses confins. Elle encourage par des prix des travaux universitaires portant sur l’histoire, l’histoire de l’art et l’archéologie de notre province.
Trente présidents en 183 ans, plusieurs milliers de membres, se sont succédé depuis la fondation. Ils ont maintenu la présence et le rayonnement de notre Société, partie prenante de la vie culturelle et mémoire de notre département.
Le sujet permanent des disponibilités de locaux pour le siège social et pour la bibliothèque a été résolu entre 2011 et 2022 d’une manière très concrète et très respectueuse du patrimoine tourangeau.
L’ancienne chapelle Saint-Libert (XIIe siècle) en bord de Loire, a été acquise (2011) et restaurée (2015) par la SAT. Elle est désormais notre siège social, mais également un lieu tourangeau réputé – propice aux réunions, conférences, expositions, concerts et autres manifestations culturelles.
Entre 2019 et 2022, la SAT a acquis, restauré puis aménagé un bâtiment royal du XVe siècle situé à proximité du château de Tours et qui est devenu la Bibliothèque d’Histoire de la Touraine (BHT) en prenant la suite de la bibliothèque spécialisée mise en place par la SAT à partir de 1841. Cette bibliothèque est ouverte aux membres de la SAT mais également accessible à toutes les personnes intéressées par l’histoire de la Touraine.
Ces deux restaurations-aménagements ont été dirigés par Yves Cogoluègnes et Pierre Hamelain, avec l’apport technique de Antoine Ditte, architecte.
La SAT ne s’est donc pas contentée de réfléchir à la protection du patrimoine tourangeau : elle a agi avec ses collections et son savoir, mais elle a su aussi – grâce aux dons financiers et à la cohésion de ses membres – restaurer totalement et aménager les deux bâtiments situés le long de la muraille romaine, dans la zone de la Loire inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco.